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Guerre en Ukraine : Kiev revendique avoir porté un rude coup à l’armée de l’air russe

Les Forces aérospatiales russes (VKS) n’avaient pas connu une telle perte depuis le début de la guerre, il y a près de deux ans. Lundi 15 janvier, l’état-major ukrainien a annoncé avoir abattu deux des plus précieux aéronefs des Voenno Kosmitcheskie Sily : un Beriev A-50 de détection radar et un Iliouchine Il-22 de commandement.
« Merci à l’armée de l’air pour l’opération parfaitement planifiée et menée dans la région d’Azov ! », a félicité le commandant en chef des forces armées de Kiev, le général Valeri Zaloujny, dans un message publié sur le réseau Telegram.
Selon l’état-major ukrainien, les deux aéronefs évoluaient dimanche au nord de la mer d’Azov, aujourd’hui entièrement sous contrôle russe, d’où ils surveillaient l’espace aérien ennemi. Ils pourraient avoir été ciblés par un ou plusieurs systèmes de défense antiaérienne ukrainiens, a priori des Patriot PAC-2 fournis par les Occidentaux, dont la portée des missiles atteint 160 kilomètres. Le général Zaloujny a accompagné son message d’une vidéo montrant des « plots » radars évoluer puis disparaître au-dessus de la mer d’Azov, qui sépare la péninsule de Crimée de la Russie continentale.
L’hypothèse d’un missile antiaérien ukrainien fait néanmoins tiquer les analystes, qui n’écartent pas le scénario d’un tir fratricide russe, comme il a pu s’en produire à plusieurs reprises depuis le début du conflit. « Pour atteindre la mer d’Azov, les Ukrainiens auraient dû positionner une batterie Patriot près de la ligne de front, ce qui est très risqué et peu plausible au vu de l’importance de ces systèmes pour eux », estime Jean-Christophe Noël, chercheur associé au centre des études de sécurité de l’Institut français des relations internationales et rédacteur en chef de la revue Vortex.
Si cette perte venait à être confirmée – Moscou s’y est refusé pour le moment –, elle serait en tout cas un rude coup porté à l’armée de l’air russe. Similaires aux Boeing E-3 Awacs des Occidentaux, les Beriev A-50 sont utilisés par les VKS pour détecter les avions, hélicoptères, missiles ou drones ennemis évoluant jusqu’à 600 kilomètres de distance. « C’est une sorte de gros capteur, qui établit une carte de la situation tactique en profondeur. Un rôle essentiel pour faire évoluer des aéronefs en sécurité », explique Jean-Christophe Noël.
Or l’armée russe possède très peu de ces engins. Selon les chiffres du « Military Balance », un bilan annuel publié par l’International Institute for Strategic Studies (IISS), Moscou ne disposerait que de dix A-50 dans son arsenal. Et encore, tous ne seraient pas opérationnels. La Russie en mobilise en permanence deux autour de l’Ukraine, au-dessus de la mer d’Azov et de la Biélorussie, ce qui implique d’en avoir au moins le double pour assurer une présence continue dans les airs. Qu’un seul manque et c’est toute une partie des aéronefs russes qui pourraient se retrouver aveuglés. Les Occidentaux font eux-mêmes régulièrement voler leurs Awacs aux frontières de l’Ukraine pour renseigner Kiev.
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